Ce blog retracera le parcours de la compagnie Les Héliades pour sa dernière création : "Voyage à travers les ombres". Pièce de théâtre librement inspirée du livre "Voyage à travers la folie" de Mary Barnes et Joseph Berke.
Mise en scène et interprétation: Véronique Widock/Compagnie Les Héliades
Au mois de mars, le théâtre du Hublot à Colombes présentera la nouvelle création de la compagnie les Héliades, "Voyage à travers les ombres". Cette adaptation pour la scène du journal de Mary Barnes, retrace sa traversée de la schizophrénie, vue de l'intérieur.
Pour que cet évènement puisse être l'occasion d'alimenter la réflexion sur la situation actuelle de la psychiatrie en France, le Hublot ouvre ses portes à la discussion. Chaque soir à la suite du spectacle, nous invitons tous ceux qui se sentent concernés par le sujet, professionnels et étudiants de la santé mentale, usagers et ex-usagers de la psychiatrie, familles et amis, à venir faire part de leur expérience.
Sur ce blog, vous trouverez des informations sur le spectacle, sur l'histoire et la vie de Mary Barnes, des pistes de réflexion et bien sûr, le compte-rendu des rencontres. A voir également, la page Facebook "Cie Les Héliades"
Bonne visite, et n'hésitez pas à donner votre avis. Au plaisir de vous retrouver au Hublot!
Le Hublot 87 rue Félix Faure - 92700 Colombes 01 47 60 10 33 / contac@lehublot.org / www.lehublot.com
Dates des représentations : les
mercredi 17, jeudi 18, vendredi 19, samedi 20, mercredi 24,
vendredi 26 et samedi 27 mars à 20h30 ; le jeudi 25 mars à
14h30.
Tarifs : 10€ / 8€ (moins de 26 ans, intermittents, chômeurs, colombiens) Carnet de 5 places : 32€
Vous pouvez aussi réserver en ligne, sur le site Théâtre On Line: Réserver en ligne
Voici le programme des discussions qui suivront les représentations de "Voyage à travers les ombres". Vous trouverez dans ce blog des articles présentant plus précisément les intervenants, ainsi que les thèmes qui seront abordés.
Mercredi 17 mars - Les proches face au séisme de la maladie psychique avec l'UNAFAM (Union des amis et familles de malades psychiques)
Jeudi 18 mars - Art et psychiatrie avec Patricia Attigui, psychanalyste et professeur de psychopathologie à l'université Paris Ouest - Nanterre la Défense
Vendredi 19 Mars - Folie et société avec Michaël Guyader, Yves Gigou et Mathieu Belhasen, membres du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire
Samedi 20 mars - Quelques exemples de structures psychiatriques alternatives avec Sonia Medina, réalisatrice du documentaire "Looking for Mary Barnes" et Guy Dana, fondateur de l"hôtel thérapeutique "L'inattendu".
Vendredi 26 mars - État des lieux de la psychiatrie, quelles propositions, quelles difficultés? avec Samuel Luret, réalisateur du documentaire "Vies de fous"
Samedi 27 mars - Art et lien social avec Claude Louzoun, responsable de l'action "Soin et culture" (92)
Deux autres représentations auront lieu, le mercredi 24 mars à 20h 30, et le vendredi 25 mars à 14 heures 30.
Pour chaque intervention, vous trouverez dans cet article quelques extraits audio, ainsi qu'une retranscription intégrale pour les plus curieux.
Nous remercions encore une fois tous ceux qui ont accepté de venir nous faire partager leur expérience et nous parler de leur engagement, pour ces discussions riches et passionnantes.
Bonne lecture, et à bientôt, au théâtre du Hublot.
Le mercredi 17 mars, nous recevions des bénévoles de l'Unafam 92
Le Samedi 20 mars, nous avons accueilli la réalisatrice Sonia Medina, et le psychiatre Guy Dana
Guy Dana: " Il faut offrir la possibilité de se réaliser. Donc au lieu de focaliser sur la maladie, sur les médicaments, sur l'aspect scientifique des choses, il faut et c'est ce que nous avons fait, changer de paradigme, et prendre la folie au niveau de l'être. Bien sûr, il peut y avoir un concours des médicaments. J'essaie de faire en sorte de les utiliser le moins possible, mais il ne faut pas être démagogique, ça aide. Mais ce n'est pas l'important. Sortant du discours du champ médical, on est dans autre chose, qui est la construction du sujet, ou sa représentation, ce qui est quand même autrement satisfaisant."
Le vendredi 26 mars, suite à la projection d'un extrait du documentaire "Vies de fous", nous avons proposé à une cadre infirmière en psychiatrie, et au directeur d'une entreprise adaptée accueillant des salariés psychotiques, de s'exprimer.
Créée par Véronique Widock,
la compagnie Les Héliades voit le jour en 1989.
Sortie du Conservatoire National Supérieur
d’Art Dramatique en 1984, Véronique Widock joue sous la direction de
Jean-Pierre Miquel, Jean-Pierre Sarrazac, Anita Picchiarini, et avec Daniel
Mesguich, les rôles de Juliette dans Roméo et Juliette au Théâtre de l’Athénée
et de la Marquise Cibbo dans Lorenzaccio au TGP.
Elle fonde la compagnie "Les
Héliades" et crée sa première mise en scène au TGP Les rescapés de Stig Dagerman. En 1992, elle fonde "Le
Hublot", chantier de construction théâtrale, dans une ancienne usine de
métallurgie à Colombes. Elle crée en lien avec les habitants : Visions du monde d’Eugène Durif au
Théâtre de Gennevilliers, Portraits vidéo
à la Coupole / Scène Nationale de Sénart, et au Bateau-Feu / Scène Nationale de
Dunkerque, Trame de Roselyne Brunet-Lecler
au Théâtre Paris-Villette.
Elle travaille essentiellement sur des
écritures contemporaines et crée notamment Dans
le petit manoir de Witkiewicz et Le
jeu de la vérité de Stig Dagerman au Hublot, Le chemin du serpent de Torgny Lindgren à la Coupole/Scène
Nationale de Sénart, La rose tatouée
de Tennessee Williams à l’Avant-Seine/Théâtre de Colombes, 27 remorques pleines de coton de Tennessee Williams au Sudden
Théâtre et Tuta Blu de Tommaso di
Ciaula au Hublot.
Sa création Barbe-Bleue, espoir des femmes de Dea Loher, a été créée en mai
2007 au Théâtre de la Tempête, et Gengis
parmi les Pygmées de Gregory Motton a été créé au Hublot et à
l'Avant-Seine/Théâtre de Colombes.
Elisabetta
Barucco, regard extérieur et comédienne
Comédienne d’origine italienne formée à la
danse par Carolyn Carlson, Alvin Nikolaïs, Caroline Marcadé, Peter Goos,
Jacques Patarozzi…
Et au théâtre par Jean-Paul Denizon, Tapa
Sudana. Elle a travaillé avec Véronique Widock, Vincent Lacoste, Alexis
Forestier, Joël Pommerat qu’elle a assisté sur deux mises en scène. Choriste,
elle a travaillé avec Howard Buten, Nasrin Pourhoseini…
Gérard
Didier, peintre et scénographe
Il travaille pour le théâtre et l'opéra, avec
Philippe Adrien, Michel Bénichou, Jean-Claude Fall, Jeanne Champagne, Yaël
Bacri, Jacques Nichet, Alain Françon, Marc Pasquien… Et bien d'autres lui ont
demandé d'inventer l'espace d'une soixantaine de pièces classiques et
contemporaines : Antigone, Hamlet, Le Roi
Lear, Dom Juan, La dispute, Les trois soeurs, L'opéra de Quat'Sous, La
décision, Mauser, Jean La Chance, Le baladin du monde occidental, En attendant
Godot, Pas à pas, Fin de partie, Les pragmatistes, Eté, La mission, Zone libre,
Histoire d'enfant, Tempête sur le pays d'Egypte, Voyage au pays de l'art sonore
ou l'art de la question, Noises, Une fête pour Boris.
Il signe les décors de deux mise en scène de
Véronique Widock Les rescapés de Stig
Dagerman au TGP de St-Denis et Gengis
parmi les pygmées de Gregory Motton à l'Avant-Seine / Théâtre de Colombes.
Pierre
Gaillardot, concepteur lumière
Il crée des lumières pour des metteurs en
scène et des chorégraphes : Patrice Bigel, Valère Novarina, Jacques Rebotier,
Louis do de Lancquesaing, Karl Biscuit et Depuis 1996, il travaille
régulièrement avec Dominique Bruguière. Depuis 1997, il collabore avec la
chorégraphe Catherine Diverrès. Ces deux dernières années, il conçoit la
lumière de nombreuses créations sur des mises en scène de Jean-Paul Wenzel,
Emmanuelle Bastet, Alain Ollivier, Marc Paquien…
Didier
Jacquemin, costumier
Il collabore longuement avec le chorégraphe
Philippe Jamet pour lequel il crée les costumes de : Ce que nous pouvons dire, Je t'aime toi, Traces, Portraits dansés,
Petite suite de sentiments aléatoires et troublants, Luna et Je réfléchis.
Il signe la scénographie et l'aménagement d'un bus pour la compagnie Philippe
Jamet dans le cadre du tournage "Danse et ville et sentiments" à la
Ferme du Buisson. Il crée les costumes pour Never
Land, spectacle chorégraphique de Nasser Martin-Gousset et pour le
spectacle musical Soul music story
mis en scène par P. Saïd. Il crée les costumes pour les six dernières pièces de
Véronique Widock.
Jean-François
VROD, musicien
Professionnel depuis 1978, Jean-François Vrod
est un musicien français interprète de musiques traditionnelles, aussi bien
qu'un compositeur de musiques contemporaines. Fortement influencé par l'art
brut, il explore le violon populaire et l'acoustique en général de multiples
manières. Il frotte aussi son violon à de nombreuses expériences scéniques,
mêlant tradition et création, improvisation et écriture, théâtre musical et
littérature orale. Il travaille avec Dominique Pifarely, Jean-Paul Goude, Alain
Savouret, Bernard Chèze et Abbi Patrix et la Compagnie du Cercle. Il crée en
1996, son premier solo De Mémoire de
Violon, suivi en 2000 de l'Idiome du
Village.
Louise Vertigo, coach vocal
Puisant au coeur de son
expérience existentielle, Louise fait des chansons qui parlent d’amour à
travers la spiritualité, le désir, le mystère. Son inspiration, comme portée
par un souffle aussi puissant que léger, lui vient souvent des contes de fées
où la folie. Le surréalisme et la sensualité se mêlent pour donner une étrange
poésie aux sentiments humains. Entre Pop et Trip
Hop, musique acoustique, poésie, contes et existentialisme, cette chanteuse
toujours insaisissable est en permanence dans une recherche artistique
originale. Sa voix limpide portée par des musiques rhytmiques vient de sa
pratique du Zen et du Kinomichi. Elle est connue en France comme une chanteuse
de premier plan sur la scène électronique ayant chanté avec des artistes comme
The Mighty Bop (aka Bob Sinclar) Kid Loco, Olaf Hund, Rubin Steiner, Roudoudou,
Leonard de Leonard, Mobile in Motion, O.B one, Motel ***, Dj Oil ...
"Une grande partie de mon être était
tordue, enfouie, enroulée sur elle-même, comme un écheveau de laine emmêlé dont
on a perdu le bout. La grande confusion avait commencé avant ma naissance. Elle
alla empirant. Quand je fus plus âgée, je m' aperçus vaguement qu'il y avait en
moi une déchirure entre la tête et le coeur."
"Ma famille était anormalement gentille.
Papa et maman se conduisaient avec prévenance l'un envers l'autre. Ils ne se
disputaient jamais. L'atmosphère était froide et cependant l'orage couvait
toujours. La violence et la colère se cachaient derrière nos plaisanteries. Vus
de l'extérieur, nous formions une bonne famille. Une famille heureuse, sans
histoire."
"En 52, on m'emmena à Londres en hôpital
psychiatrique. On me donna de l'insuline, on me bouscula pour me faire bouger,
puis on me fit des électrochocs. On me mit dans une cellule capitonnée. J'étais
dans le service des chroniques. Il semblait que j'étais incurable. Rester ici
pour toujours, folle. J'acceptais sans espoir, ne désirant qu'une chose :
rester tranquille, couchée dans le lit.
Puis un jour, une infirmière entra dans ma
cellule. Elle me dit doucement : "Voulez vous venir avec moi, vous allez
voir un autre docteur. Il visite l'hôpital. Il s'appelle Dr Werner. Il me
sembla que quelque chose s'éveillait en moi."
"J'emménage à Kingsley Hall. Mes malles
arrivent. Nous entassons tout dans la chambre à coucher. Pourquoi Ronnie n'a
pas écrit à mes parents et à Peter pour les faire venir ? Je ne comprends pas.
C'est la maison qu'il faut à notre famille de schizophrènes. Toute la famille
doit être là pour guérir elle aussi. Je n'ai jamais vraiment l'occasion de
discuter sérieusement des problèmes avec Ronnie. Tout va trop vite !
J'entre, j'entre dans la folie. J'ai très peur
mais je sens que je vais quelque part."
"C'est une boîte ronde pleine de craies
grasses que Joe m'a donné. Je fais toutes sortes de gribouillis. Des images
émergent des gribouillis. Le rouge est merveilleux. Je passe mes journées à
crayonner. J 'ajoute des textes à mes dessins.
Les peintures envahissent la maison à toute
allure. L'odeur de la peinture. La peinture que je sens sur mes doigts, la
surface que je touche, ma main plongée dans les flots de peinture, je sens une
courbe, une ligne. Je danse intérieurement quand mes doigts remuent dans la
peinture montent et descendent instinctivement dans le vert, le bleu, le rouge
et le brun. La couleur. Elle semble se mélanger, se rencontrer, s'estomper.
Elle est chaude, elle est froide. La colère, la peur, la haine, l'amour, tout
est là contenu dans la couleur. Un débordement d'énergie. La peinture naît,
change, bouge. L'essence du monde qui se répand par les yeux de l'âme.
A présent je me lève et recommence à circuler
dans la maison".
Pour vous donner une idée de ce à quoi ressemblera le plateau, voici une photo de la maquette du décor. Les nombreux vêtements, accrochés à une penderie volumineuse symbolisent les différents rôles endossés par Mary au cours de sa vie.
Le témoignage de l'Unafam, le mercredi 17 mars (Union Nationale des amis et Familles de Malades Psychiques)
Reconnue d’utilité publique depuis 1968, L’Unafam regroupe
aujourd’hui plus de 15 000 familles, toutes concernées par la maladie
psychique, et permet l’entraide et l’accompagnement, face au séisme que
représente l’apparition de ce type de trouble chez un proche.
Accueil, écoute, information mais aussi
orientation, l’Unafam se bat pour garantir aux personnes concernées par les
troubles psychiques la continuité des soins, des ressources suffisantes, un
logement adapté, des lieux d’accueil et un service d’accompagnement, une
protection juridique lorsque cela est nécessaire, une activité professionnelle
lorsque cela est possible…
Le 17 mars, pour la première représentation de
« Voyage à travers les ombres » des représentants de la délégation des
Hauts de Seine viendront nous faire part de l’expérience des proches de malades
psychiques, événement qui s’inscrira également dans le cadre de la 21ème
semaine d’information sur la santé mentale.